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Jacques C., 72 ans, petit monsieur, ventre rond proéminent sous la chemise à manches courtes, chevelure et barbe blanches fournies. Vingt-cinq ans de mariage, deux enfants, ancien sapeur-pompier, chauffeur routier, voyagiste, patron de pizzeria. Ses proches le disent « gentil », « attentionné », « ouvert aux autres » ; il a gardé de son éducation religieuse le sens du « don de soi » et, maintenant qu’il est à la retraite, il « essaie de faire du bien autour de [lui] ». « J’ai un profond respect de la femme, assure Jacques C. Si mon ex-femme était là, elle dirait : “Il aime la femme, dans toute sa diversité, toute sa complexité.” »
« Comment réconcilier cette déclaration avec les faits pour lesquels vous comparaissez, à savoir le viol d’une femme inconsciente ? », lui a demandé Stéphane Babonneau, avocat de Gisèle Pelicot, jeudi 19 septembre.
La cour criminelle du Vaucluse s’est lancée dans une nouvelle phase du procès : l’examen du cas des quarante-neuf coaccusés de Dominique Pelicot, jugés pour avoir abusé de l’épouse de celui-ci – un cinquantième est jugé pour des abus sur sa propre femme –, alors qu’il l’avait préalablement droguée. A raison de cinq, six ou sept accusés par semaine, la cour sortira de ce tunnel début novembre.
Dominique Pelicot et Jacques C. se sont rencontrés sur Coco.fr, un site de rencontres libertines. « Ma femme prend un somnifère le soir et, quand elle est endormie, je fais venir des hommes », a un jour écrit le premier au second. Le soir même, Jacques C. se rendait chez Dominique Pelicot, à Mazan (Vaucluse).
Quelques-uns de ses propos à la barre, jeudi : « J’avais l’idée d’un couple libertin dont la femme serait endormie, elle était peut-être timide » ; « Quand il me fait entrer dans la chambre, je sens que les choses ne sont pas comme je pensais qu’elles allaient être » ; « J’ai été un peu léger, je n’ai pas posé de questions » ; « J’étais à cent lieues d’imaginer qu’un homme puisse faire ce genre de pratiques avec la mère de ses enfants » ; « J’ai été naïf, et je pensais qu’à un moment donné, Mme Pelicot se réveillerait » ; « Autre chose importante, l’âge : je fais confiance à quelqu’un de plus de 60 ans » ; « J’ai pris conscience que, potentiellement, j’étais en train d’abuser d’elle, mais j’ai été un peu long à la détente. »
Il est reproché à Jacques C. d’avoir violé Gisèle Pelicot par une pénétration digitale, ainsi que d’avoir filmé une fellation imposée par Dominique Pelicot à son épouse endormie, ce qui ferait de lui le coauteur de ce viol.
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